Ce siècle avait deux ans ! Rome remplaçait Sparte,
Déjà Napoléon perçait sous Bonaparte,
Victor Hugo (né en 1802)
Théodose Dubois est né le vingt et un nivôse de l’an X (c’est-à-dire le 11 janvier 1802) à Chantenay-Villedieu, petite ville de la Sarthe. En ces dernières années de la révolution française, la France est alors dirigée par Napoléon Bonaparte, premier Consul qui ne va pas tarder à devenir Empereur sous le nom de Napoléon Ier.
Théodose et sa sœur aînée, Rosalie, voient leur père mourir en 1804, alors que Théodose avait deux ans.
Il semble que Théodose soit resté proche de sa famille sarthoise, car alors qu’il aura passé toute sa vie à Paris et à Montreuil, c’est à Chantenay-Villedieu qu’il décède le 24 septembre 1872, dans la maison de sa sœur, avant d’être inhumé au cimetière de Montreuil, où sa tombe est toujours visible.
Pourquoi et comment ce jeune natif de la Sarthe s’est-il retrouvé fabricant de bougies à Paris ? Nous ne le savons pas. Mais cela n’est pas si surprenant. Les bouleversements que la France avait subis pendant la Révolution puis l’Empire avaient profondément transformé les structures sociales, scientifiques et économiques, rendant possible de nombreuses aventures entrepreneuriales comme celles de Théodose Dubois, en pleine période de la révolution industrielle.
Fondée en 1820, l’entreprise est alors située au 35, rue des Lombards, au cœur du quartier situé entre les Halles et le Chatelet. Ce quartier, dans ses rues encore médiévales, rassemble beaucoup de petites entreprises industrielles et d’artisans, en particulier des ciriers qui fabriquent et vendent des chandelles, des cierges et des bougies.
En 1830, Théodose Dubois absorbe une autre entreprise de fabrication de bougies, la maison Bertrand, située elle aussi rue des Lombards.
Il se marie en 1834 avec Léonie Courtier. Le couple aura 5 enfants.
Inventée autour de 1830, La bougie stéarique connait un succès fulgurant, et comme souvent dans l’histoire des innovations réussies. Malgré les tentatives de ses inventeurs de se réserver l’exclusivité de l’exploitation de cette invention, de nombreuses stéarineries voient le jour. Lors de l’exposition de 1839, il y a déjà neuf exposants de bougies stéariques.
Théodose Dubois se lance aussi dans les applications de cette nouvelle technologie. Il fabrique de la stéarine et une bougie stéarique qu’il commercialise sous le nom de « bougie de la Ruche ».
Pour faire connaitre ses produits il participe aux expositions industrielles, très en vogue au XIXème siècle. Les perfectionnements dans le moulage qu’il a apporté lui vaudront une citation favorable lors de la grande Exposition de l’Industrie Française de 1844. Il participe aussi à l’exposition de 1855.
Théodose Dubois associe ses deux fils au fonctionnement de l’entreprise : René (né en 1835) et Ernest (né en 1843).
A partir des années 1850, l’entreprise de Théodose Dubois connaît un grand dynamisme. Elle conjugue en effet deux activités : elle fabrique de la stéarine puis elle transforme cette stéarine en bougies et cierges. Elle se démarque en cela des petits fabricants de bougies qui se contentaient d’acheter la stéarine à des producteurs de cette matière première.
Dès les années 1850, la maison Dubois était donc déjà un producteur de produits chimiques !
Les ateliers de l’entreprise sont successivement situés à Montrouge puis à Boulogne-Billancourt, sans qu’on puise identifier leur localisation précise. Néanmoins la transformation du suif est une industrie polluante et malodorante qui est progressivement chassée des zones urbaines.
La partie de la rue des Lombards où est située l’entreprise va être démolie dans le cadre du percement du nouveau boulevard qui sera appelé Boulevard de Sébastopol. Théodose Dubois déménage donc son entreprise au 22, rue du cloître St Merry.
En 1961 la maison Dubois va déménager à nouveau. Le siège de l’entreprise et le magasin de vente quittent la rue des Lombards et s’installent à proximité au 91 puis au 89, rue de la Verrerie à Paris. Dans le même temps l’usine va s’installer à Montreuil, en proche banlieue de Paris, dans une zone encore très peu urbanisée. Les Dubois achètent pour cela une partie du domaine de l’ancien château de Tillemont.
La société porte désormais le nom de « Dubois Père et ses fils ».
La société Dubois est inventive. Elle dépose un brevet d’invention de quinze ans le 12 décembre 1864 pour une machine à couler les chandelles et les bougies. Elle montre ainsi qu’elle tient une place importante parmi les stéariniers et fabricants de bougies de l’époque.
En 1865, Ernest, un des fils de Théodose Dubois, meurt à 22 ans, asphyxié dans la fosse de décantation de l’usine, avec un des ouvriers qui a tenté de lui porter secours.
Suite à la disparition d’Ernest, l’entreprise change de nom en 1866 et devient « Dubois Fils Aîné et cie ».
Théodose meurt en 1872, chez sa sœur à Chantenay Villedieu, où il était né 70 ans auparavant. Il laisse la direction de l’entreprise à son fils ainé, René-Alexandre Dubois.